Madeleine Rousseau
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Née en 1895, Madeleine Rousseau a passé son enfance dans la ville de Troyes où elle a achevé ses études en 1913. Elle monte à Paris pendant la Grande Guerre et commence sa vie d’artiste-peintre : elle a conservé quelques toiles de cette période (principalement des nus) et surtout de nombreux carnets de croquis rassemblant des paysages, des personnages ou encore des animaux. Dans ses archives, les croquis les plus nombreux restent ceux qu’elle a réalisés afin de compléter sa documentation sur les arts extra-européens, lorsqu’elle ne disposait pas de catalogue ou de photographie. Elle entre à l’Ecole du Louvre, à 36 ans, mettant un terme à sa carrière d’artiste et choisit la voie de l’histoire de l’art. Elle s’engage totalement dans ces études qui lui ouvrent les portes du monde des musées. Dès 1937, elle est employée comme chargée de mission par les musées nationaux. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, elle travaille au sein de l’APAM, l’Association populaire des amis des musées, fondée en 1936, liée au Musée de l’Homme et qui s’intéresse à toutes les formes d’art dès sa naissance, dont les arts extra-européens. Elle donne de nombreuses conférences et dirige la revue de l’APAM, Le Musée Vivant , du nom de l’appel de Jacques Soustelle, « pour une Culture Populaire ».
Après-guerre, la revue aborde l’ensemble des problèmes culturels de l’Afrique noire et dépasse le simple cadre réducteur de "l’art nègre" pour aller vers la culture noire au sens large. En 1947, Madeleine Rousseau écrivait en présentant la poésie d’Aimé Césaire, que "les Européens ont si bien intégré l’infériorisation des Africains que leur approche en reste imprégnée, même lorsqu’elle est empreinte de bonnes intentions." Un an plus tard, l’année du centenaire de l’abolition de l’esclavage, elle signe avec Cheikh Anta Diop un bulletin intitulé « 1848 Abolition de l’esclavage – 1948 Évidence de la culture nègre ». Danielle Maurice, dans un article publié en 2007, consultable sur internet, rappelle que le centenaire de l’abolition de l’esclavage lui permet de contribuer au débat anticolonialiste dans l’immédiat après-guerre par le champ culturel. " Cet engagement, note l’auteur, tient aux fondateurs de l’APAM, aux liens avec les artistes qui ont œuvré pour la reconnaissance de l’art africain et, en cette période de décolonisation, à la volonté de rencontrer l’Afrique vivante. Ce n’est pas tant la mémoire de l’esclavage qui est portée que l’affirmation de la nécessaire confrontation et collaboration avec les Africains."
Pendant vingt ans (des années 40 aux années 60), Madeleine Rousseau va aussi collectionner des pièces extraeuropéennes. Elle intervient sur la place parisienne avec les collectionneurs et/ou galeristes notamment. Par l’intermédiaire de l’APAM et du Musée de l’Homme, elle collabore avec Charles Ratton, Louis Carré... Son appartement, rue du Val de Grâce, qu’elle gardera jusqu’en 1977, devient un petit salon où se côtoient des artistes et des intellectuels : Aimé Césaire, Sékou Touré, Léopold Sédar Senghor, Cheikh Anta Diop...
Hommage à Madeleine Rousseau, lien : http://www.forez-info.com/encyclopedie/le_saviez-vous_/hommage_a_madeleine_rousseau_3082.html
Article de Danielle Maurice sur Le Musée Vivant :« Le musée vivant et le centenaire de l’abolition de l’esclavage : pour une reconnaissance des cultures africaines »http://cm.revues.org/127